Jeunesse Éducation | Métropole
25 avril 2020
"Avec le confinement, de nouveaux liens se créent avec les jeunes"
Florence Guidez est éducatrice spécialisée à la Maison d’Enfants de Lambersart. Avec le confinement, elle et son équipe ont réinventé leur accompagnement auprès des jeunes accueillis par l’aide sociale à l’enfance.
Comme tous les parents depuis le confinement, Florence Guidez s'est improvisée professeur auprès de ses deux enfants, en classe de 5ème et de 1ère.
Un rôle qu'elle assure également auprès des jeunes du Foyer d'Adolescents Scolaires (FAS) de Lambersart, géré par l'association Temps de vie. Celle-ci a en charge 38 établissements et 1700 salariés qui accompagnent personnes âgées, adultes et enfants.
Nous accueillons ici une soixantaine d'enfants issus de l'aide sociale à l'enfance. Les plus jeunes ont entre 5 et 10 ans et les plus âgés sont des adolescents de 16 à 18 ans
explique Florence Guidez. Un accompagnement qui a dû se renouveler dans le contexte actuel de crise sanitaire
Méthode et solidarité pour s'organiser
Avec la fermeture des écoles, certains collègues ont dû s'absenter pour garder leurs enfants car ils n'avaient pas d'autres solutions
, explique Florence Guidez. Pour assurer la continuité scolaire de nos jeunes, dont le risque de décrochage est plus élevé compte tenu de leur parcours, nous nous sommes adaptés et avons pu compter sur des renforts.
Plusieurs agents du Département se sont portés volontaires pour rejoindre l'équipe. Des jeunes de la réserve civique et des personnes en CDD ont été recrutées.
Environ 200 volontaires du Département, de la prévention spécialisée ou de l'éducation nationale sont ainsi venus prêter main forte à l'ensemble des établissements de protection de l'enfance du Nord. Dans notre secteur, des renforts sont toujours les bienvenus
, assure Florence Guidez.
L'organisation interne a également été repensée. Les éducateurs ont adapté leurs horaires afin d'organiser des roulements et de toujours s'occuper des mêmes jeunes. Les équipes de nuit nettoient et désinfectent systématiquement tous les points de contact. Nous faisons très attention lorsque nous venons de l'extérieur,
précise Florence. Nous avons mis en place une procédure spécifique pour protéger les enfants avec les gestes barrière qui sont expliqués, répétés par le personnel encadrant. Les unités de vie sont isolées les unes les autres et les enfants partagent la cour à tour de rôle.
Une unité de vie spécifique a été mise en place au cas où un enfant serait malade. Elle peut également accueillir des enfants repartis dans leur famille juste avant le confinement avec l'accord du juge et désireux de revenir,
complète Florence. Nous les appelons régulièrement pour prendre de leurs nouvelles.

De nouveaux liens avec les jeunes
Pour les jeunes, la période est particulièrement délicate. Si ne plus aller à l'école perturbe leur quotidien, la suspension des visites avec les familles est évidemment problématique. Certains ont peur de ne plus revoir leurs parents. Ils sont angoissés, surtout le soir. Il faut être présent
témoigne Florence.
Pour maintenir un environnement serein, les journées des enfants sont structurées : devoirs de 10h à 12h et activités l'après-midi. Les éducateurs se sont découvert certains talents et proposent tour à tour ateliers gym, guitare ou pâtisserie. Occuper les petites mains pour libérer l'esprit.
Nous avons démarré avec les moyens du bord mais maintenant cela fonctionne bien. Les enfants comprennent que c'est pareil pour tout le monde. Paradoxalement, ils retrouvent une certaine normalité
Pour ceux qui n'ont pas leur propre téléphone, des tablettes ont été mises à disposition afin que les jeunes communiquent à distance avec leurs proches. Un investissement de la Maison d'Enfants et de la Fondation du Nord, avec le soutien de la Fondation Anber et de Boulanger, qui sert aussi pour l'enseignement à distance. 750 tablettes ont ainsi été livrées aux Maisons d'Enfance à Caractère Social du Nord.
Si la crise appelle à vivre un jour à la fois, la nouvelle organisation pourra peut-être se pérenniser sur certains aspects. Nous avons fait des groupes d'enfants avec des âges différents pour les devoirs. Les plus grands sont contents d'aider les plus petits
constate Florence. Nous gagnons tous à travailler en transversalité.