Le jeudi 14 novembre restera longtemps dans ma mémoire. Le Département du Nord et Pôle emploi relevaient ensemble, avec l’appui de la Région, un pari insensé : réunir 10 000 allocataires du RSA dans 38 agences Pôle Emploi et 7 Maisons départementales de l’insertion et de l’emploi.

Pour les accueillir, 1 700 conseillers, d’innombrables responsables d’entreprises grandes et petites, des trésors d’enthousiasme, de détermination et de bonne humeur après des semaines de préparation minutieuse. J’étais plus que sceptique mais j’avais tort.

Dès l’aube, bien avant l’heure, nombre d’allocataires avaient devancé l’appel et toute la journée dans ces locaux transformés en ruches, employeurs et candidats devinrent inséparables. Il n’y avait pas d’un côté les patrons et de l’autre les demandeurs d’emploi, mais des hommes et des femmes qui parlaient à d’autres hommes et d’autres femmes.

« Aujourd’hui j’ai donné un sens à ma responsabilité», disait l’une. « Enfin on me propose de partager un projet professionnel », répondait l’autre. 1/3 des candidats se sont vu proposer CDD ou CDI, 1/3 une formation qualifiante, 1/3 le coup de pouce pour avancer : aide à la mobilité, à la garde d’enfants ou à la maîtrise du numérique.

Combien quitteront le RSA pour un travail pérenne ? 1 000? 2 000 ? 3 000 ? Selon la réponse le Département économisera 6, 12 ou 18 millions d’euros, qu’il pourra affecter aux personnes âgées, en situation de handicap ou à l’aide à l’enfance.

Mais avant tout, beaucoup auront retrouvé toute leur place dans la société, saisi leur chance pour eux et leurs proches, tordu le cou aux préjugés sur l’apathie de l’allocataire du RSA ou la condescendance de l’entrepreneur.

Bravo et merci à tous pour ce message de fraternité, de respect et d’espoir au service de « la seule querelle qui vaille, celle de l’homme », comme l’écrivait un «petit Lillois de Paris» dont on célébrera l’an prochain le 130^ème anniversaire de la naissance.