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10 février 2021
Chronique d’une période compliquée
Jean-René Lecerf, dans son éditorial du mois de février, évoque la confusion générée par la situation sanitaire, son ressenti dans le pays et son impact sur l'agenda électoral.
Le brouillard a envahi notre vie quotidienne et, à moins d’être adepte de la boule de cristal, il devient de plus en plus difficile de prévoir l’avenir.
De confinements en déconfinements, de gestes barrière en couvre-feux, de crise sanitaire en crise économique, les courbes de la croissance, du chômage ou de l’endettement s’affolent comme les tableaux de bord des avions, selon la légende, à l’approche du triangle des Bermudes.
Pourtant dans le cadre du débat d’orientations budgétaires, il est demandé de présenter l’itinéraire financier du Département non seulement pour 2021 mais aussi pour les années qui suivent. Exercice toujours délicat mais qui relève aujourd’hui de la mission impossible et dont même la Cour des Comptes semble douter de la pertinence. Pour prévoir, par exemple, le montant du RSA pour 2023, il faudrait d’abord connaître la date de fin de la pandémie et donc de reprise d’une activité normale. On en est encore loin.
Cette époque troublée réserve en outre bien des surprises. Il en va ainsi des empoignades sur la date des prochaines élections. Dans le microcosme politique, d’aucuns voudraient les reporter au-delà des présidentielles pour ne pas offrir un piédestal à l’ambition de tel ou tel vainqueur régional, tandis que d’autres les exigent tout de suite pour ne pas « confiner » la démocratie.
Lorsque j’en parle autour de moi, cela ne semble pas être la préoccupation essentielle de nos concitoyens. Oserais-je dire, plagiant Fernand Raynaud, que certains « s’en foutent tellement que cela leur donne une idée de l’infini » tandis que d’autres, auxquels on fait observer que les États-Unis et le Portugal ont bien voté en temps et heure, s’inquiètent ingénument de la situation de la pandémie dans ces États…
Enfin une solution de bon sens est souvent évoquée : lier la date des élections à un pourcentage suffisant de personnes vaccinées pour générer une immunité collective suffisante et concilier ainsi les impératifs de démocratie avec ceux de santé publique.
Un dernier mot sur Mauricette, notre première vaccinée contre la covid, dont les réseaux sociaux ont annoncé le décès, relayant abondamment le tweet d’un prétendu agent de sa maison de retraite. Elle a dû être fort surprise d’apprendre sa mort et tout aussi rassurée en se prenant le pouls. Cette « fake news » dont on ne sait trop s’il faut en rire ou en pleurer me rappelle cette anecdote rapportée par Olivier Guichard, Directeur de cabinet du Général de Gaulle, qui se laissa un jour aller, en raccrochant le téléphone après un appel particulièrement irritant, à un sonore « mort aux cons ! ». « Vaste programme, mon ami », conclut le Général qui venait d’entrer discrètement.
Il arrive que l’histoire bégaye.
Jean-René Lecerf, Président du Département du Nord